Une jeune indienne guaraní avait un fils, lequel n'avait personne avec qui jouer. Son unique distraction était de regarder les oiseaux voler, tellement libres et maîtres d'eux-mêmes dans le ciel. Le petit indien adorait grimper aux orangers pour se jucher sur leurs branches et manger leurs délicieuses oranges. A chaque fois qu'elle partait travailler, sa mère lui recommandait de ne pas sortir de la maison, car une bête sauvage pouvait venir et le blesser. A chaque fois il promettait qu'il ferait attention, mais la plupart du temps, quand la maman rentrait, elle ne trouvait pas son fils, toujours en train de déambuler dans la forêt.
Un jour, elle le frappa durement avec une branche et lui fit promettre de ne plus aller dans la forêt. Durant un certain temps, elle le trouva à la maison quand elle rentrait. Mais un jour, alors qu'il se trouvait à la cime d'un oranger et guettait d'un oeil le chemin pour voir sa mère venir, il ne la vit pas arriver. Quand elle arriva à la ferme, comme elle ne le trouvait pas à la maison, elle se mit à l'appeler en criant. Lorsqu'il entendit sa mère, l'enfant voulut descendre rapidement de l'arbre mais ses petits pieds glissèrent et il tomba dans le vide. La mère n'entendit pas le dernier cri de son enfant. Au moment même où ses yeux se fermaient pour toujours, et avant qu'il ne touche le sol, son corps se transforma et prit la forme d'un oiseau chogüí, comme ceux qu'il avait tant admirés. Au-dessus de la tête de l'indienne qui l'attendait, il passa en volant et en chantant, puis il s'en alla avec la volée des chogüies.
Comme le dit la légende, ce petit indien qui s'est transformé en chogüí revient tous les jours voler aux alentours de sa maison, et pendant que sa mère va et vient du village à sa demeure, lui chante et picore les oranges, qui pour toujours sont les fruits qu'il préfère.




